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l'atelier des filles
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22 octobre 2007

atelier écriture 4: Inès


Réveil brumeux, courbaturé, encore un peu la gueule de bois.

On est tous là, Lol, Tchoa, Max et moi, enroulés dans nos duvets sur la moquette d’un couloir du Scandola.

Max ouvre un œil, passe une main dans sa chevelure hirsute et baille à s’en décrocher la mâchoire.

Ah le con, il refoule !

Je l’envoie bouler avec de grands râles d’agonie, tout le monde se marre.

Les passagers nous enjambent en faisant des mines dégoûtées.

C’est clair, on shlingue. Il règne autour de nous une odeur pénétrante  de bière et de chaussette faisandée.

Ces vacances ont été de la folie et ces trois derniers jours l’orgie totale !

Nuits vip au via notte, fin de journée sur les plages branchées.

On a emballé sec grâce au 4x4 que mon père nous a prêté et à la villa de la grand-mère de Max, sur les hauteurs de Porto Vecchio où on créchait.

On se l’est pété grave, mais les gonz sont tombées comme des mouches.

Petites vacances réglées comme un métronome. Jamais levés avant 14h00, petit déj café pâtes.

Après-midi à la plage, ou invités sur un bateau si on a de la chance.

Ça c’est la mission de Lol. Pendu à son téléphone toujours à la recherche d’un bon plan pour la journée ou de la super soirée. Il nous fait inviter partout !

Ça fini pratiquement toujours au via notte, on y nos entrées, on serre la paluche des videurs, on tape la bise aux serveuses, c’est chez nous.

250 euros par tête pour la bouteille tous les soirs. C’est tout notre budget, mais ça paye !

Du coup c’est pâtes midi et soir et la traversée dans le couloir !

Alignés contre la cloison, les uns sur les autres, encore dans les brumes et les flashs de la boîte et la techno plein les oreilles.

Il fait encore nuit.

On attend pour descendre récupérer la voiture.

C’est toujours pareil, ils nous réveillent toujours trois plombes avant et après on attend…

Lol fait le con, comme d’hab, nous on se marre. On emmerde tout le monde, mais rien que de voir leurs tronches ça nous fait marrer encore plus.

Et puis les rires s’essoufflent. Je regarde Tchoa avachi sur une banquette. Il a les yeux rougis, éclatés de fatigue, peut-être un peu aussi à cause du pet qu’on a fumé sur le pont tout à l’heure.

Les premiers rayons du jour pointent.

On peut enfin descendre dans les niveaux inférieurs.

Le 4x4 de papa est placé en premier sur la deuxième file. On n’aura pas à glander des heures !

Tous les passagers rejoignent leurs véhicules. Ils ont tous des gueules défractées, la cour des miracles !

Les chieurs qui braillent, les bidochons qui s’engueulent.

La touche des vieux dans la xara d’à côté.

Lol qui nous imite pépé.

C’est son truc, il fait ça trop bien. C’est comme ça qu’il emballe.

Une fille qui rit, une fille dans ton lit.

Lol il les fait marrer et avec sa belle gueule il baise à mort l’enfoiré !

Bref, on est mort de rire.

La passerelle est descendue. Papi et mamie font crier le moteur en nous laçant des regards torves.

On est écroulés !

Putain, c’est qu’il va niquer la xara pour passer le premier pépé !

On est tellement pliés que je suis incapable de passer la vitesse.

Papi et mamie sont déjà loin. Tout le monde klaxonne.

Je respire un grand coup, je passe la première et roule ma poule.

Putain c’est grandiose !

Le port de Marseille au petit baigne dans la brume.

On avance lentement dans le bruit métallique de la passerelle.

Tout le monde s’est tu d’un coup.

Trop la classe.

Tchoa allume la radio.

Je ne sais pas quelle station pourrie diffuse un vieux tube d’Abba.

Trop strange. C’est planant.

Un type au loin nous fait de grands signes. On aurait dit un pantin désarticulé dansant  dans la brune cotonneuse au rythme lancinant de la musique.

Alors je me suis senti tomber, tomber, tomber encore, tout doucement.

Tout tanguait.

Je suis entré dans un monde de silence.

Les potes se sont mis à danser eux aussi, dans une sorte de chorégraphie étrange.

Je voyais leurs bras et leurs jambes se propulser au ralenti comme des feux de Bengale, et puis au bout de leur course jaillissait de leurs mains des éclairs un rouge éclatant.

Un mélange de peur et d’excitation faisait bondir mon cœur dans ma poitrine. Je ressentais ses vibrations sourdes jusque dans mes tempes.

Abba a transpercé le silence : « you are a dancing queen… ».

29 juillet 2006

Accident tragique sur le port autonome de Marseille.

Lors du débarquement du Scandola, du fait conjugué d’un mauvais positionnement des barrières de sécurité et d’un épais brouillard matinal, un véhicule a été précipité par-dessus bord.

Les corps sans vie des quatre victimes ont été repêchés dans l’après-midi.

                                                                                              La Provence



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