atelier écriture 2 : marianne
Hammam
Dans ton ventre nous entrons,
Fraiches, impures et tendues.
Puis de ta chaleur nous nous entourons,
Cette langueur tant attendue.
Les corps nus, le savon noir,
Les vapeurs entre les mosaïques,
Il ne manque que des miroirs
Car nulle ici n’est pudique.
L’eau coule dans les vasques,
Les peaux se ramollissent
Une beauté se fait un masque
Voulant encore que la boue l’embellisse.
Puis vient l’heure du gommage
Mélange de crainte et de délivrance.
Allongée sur le marbre frais,
La victime suit la cadence
Du frictionnement qui l’effraie.
Le bourreau, pourtant, n’est qu’une femme
Qui se promène des pieds à la tête
Mais sous ses mains s’enflamme
L’épiderme , comme une allumette
Autour d’elles les murmures
Parfois un rire qui résonne
Entre ces quatres murs
Tout le monde s’abandonne
Noirs et blancs
Les peuples se mélangent
Hors du temps
Quel lieu étrange
Hammam, en ton sein
Ne se trouvent que des humains.