atelier écriture 2 : audrey
Histoire de peau
Toute la journée le corps de Madeleine est malmené.
Au réveil, endolori par le matelas usé, à ressorts distendus. Puis, plaqué, enfermé dans des habits étriqués puisqu’elle a pris quatre kilos ces derniers mois.
Enfin prête, elle sort prendre le car qui la conduit à sa superbe entreprise de formation-insertion. Son corps est donc, à tour de rôle, cinglé par le vent glacé, puis aplati, serré contre des corps étrangers dans les transports.
Face aux stagiaires, que le contenu de la formation Vente
Et enfin le soir, après l’histoire du retour en car, celui-ci est inexistant aux yeux d’Albert.
Albert, c’est l’homme qui partage sa vie, ou tout du moins son lit, depuis trois ans deux mois et quatre heures, à présent. Albert, en effet, a la formidable capacité de faire complètement abstraction du corps de Madeleine (du reste …aussi, entendons-nous bien !) et cela, les soirs de foot, de rugby, d’Interville et de toute autre émission télé aussi.
Madeleine décide alors, en essuyant quelques larmes, d’écouter les conseils de ses collègues de bureau et de se rendre d’un pas ferme au hammam le plus proche dès le lendemain.
Après une journée de travail semblable aux autres, elle franchit, le corps dans les chaussettes, les portes du hammam.
La chaleur de la vapeur d’eau environnante l’englobe, lui rappelle ce corps oublié, en ressuscite les contours. Elle lâche un peu prise, et demande un gommage. Après 20 minutes dans l’ambiance chaude et humide des bains, la femme qui gratte les corps à la chaîne (selon Madeleine !) l’appelle.
Elle s’installe un peu hésitante, regrettant déjà d’être venue, de prendre ce temps pour elle. Mais, plus le corps est frotté, plus elle se rappelle qu’elle existe. Le gant qui passe lui donne unité, unité qui éprouve et ressent. Elle se dit, se promet intimement qu’elle ne l’oubliera plus.
Audrey