Atelier écriture 9. Audrey

Le chemin

La petite fourmi a perdu sa tribu.
Sur la route vers le sud, elle s'était assoupie.
Sous une feuille de noisetier, elle était fatiguée, la pauvre !
S'étant endormie, ses congénères ne s'en sont pas réellement préoccupé.
Chez les fourmis, on apprends très vite à être responsable, à répondre présent à l'appel de façon instantanée, à se conformer au mouvement global, aux décisions du groupe.
Tomber de fatigue n'était donc pas bien "sage" et laissait présager la compagnie d'une solitude accrue.
Seule elle se réveilla, héla les autres, pas d'écho, nulle réponse.
Donc seule, elle reprit son chemin.
Pas à pas elle avançait, craintive d'abord, emplie d'un sentiment d'abandon mêlé à une sensation d'indépendance.
Après tout, était elle obligée de retrouver les siens ?
Et sinon, combien de temps pourrait-elle vivre esseulée ?
Cela fait à présent bien 10000 heures de fourmi qu'elle marche quand elle tombe, très ennuyée, sur un tronc d'arbre couché sur la route lui barrant totalement le passage.
Tenter de contourner l'obstacle lui parait dangereux, l'eau coule à flots, la rivière s'étend sur le côté droit, sur le côté gauche, le vide sévit.
Elle ne sait pas nager, ni faire du parafeuille, elle en conclut donc qu'il va falloir grimper, gravir le tronc.
Elle rassemble ses forces et commence son ascension.
Elle atteint rapidement la moitié de la hauteur du tronc, le sol se dérobe sous ses pieds, elle retombe presque jusqu'en bas.
Elle recommence, des larmes de crocodile à ses yeux.
Pour tenir, elle déploie de la colère, le cri du coeur, la voix des tripes, le chant de l'espoir.
Arrivée en haut du tronc, elle s'endort, épuisée.
La redescente est plus simple, elle se laisse glisser, s'écorche légèrement le dessous des pattes mais c''est à moindre mal, pense t'elle.
Mais elle prend de la vitesse et tout shoos percute, oh super ! une des tentes du campement de fortune montées par sa tribu.
Et patatras ! Elle retrouve les siens.