atelier 14 : audrey

Charles a huit ans, les cheveux au vent, il avance.
Sur le chemin caillouteux, sous un soleil de plomb, il marche.
Il ne sait pas où il va mais il s'y achemine d'un pas trés décidé.
Les sourcils froncés, il a laissé dezrrière lui sa vie.
Il est sûr qu'en marchant droit devant il oublira la violence du foyar, les coups du paternel, les chaudes larmes de sa mère.

Il suffoque dans sa veste de laine, tente de l'enlever avec désinvolture, mais dans son geste brusque, décroche un bouton. L'impact au sol le rapelle à l'ordre, il se penche puis met en poche son bouton doré.

Il recommence sa fuite et pendant plusieures heures ne faillit pas, tient la cadence. Il franchit l'entrée d'un village et voit au loin sur la Grand Place un attroupement d'enfants riant à tout va. Sourire au lèvre, il court à leur rencontre, les rires l'attirent, le charment. A bien y réfléchir, il n'en a pas entendu depuis bien longtemps.

Tout l'aprés-midi, il joue à souhait avec les enfants, chahute insouciant pour la première fois. Les deux petites prunelles bleues d'une prénommée Amandine le fascinent, accrochent son regard. Soudain, retentit au loin une sirène de plus en plus criarde.

La voiture de police s'arrète violemment en bordure de la Grand Place. Les policiers interrogent les villageois boulistes : ils recherchent le petit Charles, ils ont reçu le signalement des parents ce matin à l'aube.

Charles sait que son destyin l'atten : le retour au foyer.
Il veut laisser un souvenir à Amandine, fouille dans sa poche, lui offre le "bouton d'or". Elle lui colle un baiser au coin de la bouche et les policiers l'emportent.

Audrey